Troubadours, fin'amor: la parole comme équilibre du phénoménal et du conceptuel. - L'article propose une brève analyse du système des valeurs, de la terminologie et du style troubadouresques. - L'auteur explique le terme fin'amor (verai'amor, bon'amor) en vue d'en justifier l'emploi au dépens d'eventuelles alternatives, comme "amour courtois", voire même "courtoisie", termes par ailleurs bien établis dans l'histoire littéraire. L'analyse du concept de la fin'amor embrasse la dimension esthétique et la dimension éthique de celle-ci dans leur interaction, soulignant l'importance de l'aspiration de l'amant vers le bien, aspiration déchirée entre l'idéal et la réalité. - Le statut tout particulier du joy, aspect fondamental de l'amour troubadouresque, est constaté au sein de celui-ci: le joy, défini comme paroxysme de l'amour, ouvre pour un instant fugitif le chemin de l'idéal, le "moment de grâce" fini, le progrès vers l'idéal dépend dorénavant de l'amant lui-même. Dante développera cette idée dans ses dernières conséquences. Une étude étymologique suit l'analyse sémantique du terme joy. - Les termes/concepts joven, mezura, pretz et valor sont étudiés dans leurs dimensions sociologique, psychologique et éthique. - Les variantes stylistiques du trobar (t. clar, t. ric, t. clus) et les formes poétiques principales de la poésie troubadouresque (Cansó, tensó, sirventés, planh) sont présentées. - L'article termine par quelques remarques sur la langue des troubadours, constatant que la parole occitane du XIIe siècle était la parole édénique de la poésie européenne.
|