Dans cette contribution originale, trois jeunes chercheurs éminents originaires de la région post-yougoslave échangent à travers une correspondance sur la nature de la Yougoslavie socialiste et l’évolution des pays post-yougoslaves en tant que communautés politiques. Igor Štiks analyse la construction des communautés politiques passées et présentes, soulignant l’importance de l’argument de la citoyenneté qui s’impose comme hégémonique. Il explore les arguments sur lesquels reposait la Yougoslavie socialiste ainsi que ceux qui l’ont déstabilisée jusqu’à sa destruction. Ivan Đorđević réagit en mettant en lumière la manière dont les nouveaux États se sont formés à travers un mélange de nationalisme ethnique et de capitalisme débridé, entraînant une série de catastrophes. Biljana Đorđević témoigne de la vie de sa génération post-yougoslave et de son sentiment de morosité. Les trois auteurs établissent des parallèles entre les événements politiques et leur propre expérience personnelle, façonnée par leur lieu (Sarajevo, Belgrade, Vranje) et leur année de naissance (1977 et 1984), ainsi que par les circonstances individuelles et politiques de leur passage à l’âge adulte. Ils interrogent également le potentiel que pourrait avoir l’héritage socialiste yougoslave pour les mouvements émancipateurs du vingt-et-unième siècle.
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