Ce mémoire de master explore comment la classe sociale est représentée à travers le langage des deux personnages principaux dans une série d'oeuvres de P.G. Wodehouse. Au départ, il est démontré que Wodehouse a utilisé de nombreux stéréotypes dans sa caractérisation de Bertie Wooster et de son serviteur Jeeves. Ensuite, puisque leur langage fait partie de ces stéréotypes, le mémoire tente d'établir comment on pourrait l'analyser. Les cadres sociolinguistiques existants sont donc explorés et évalués en fonction de leur utilité dans l'analyse des oeuvres littéraires. On arrive à la conclusion suivante: bien que les méthodes variationnistes soient indispensables pour l'analyse de l'expression verbale spontanée des sujets vivants, leur utilité dans le cadre des études littéraires est limitée. Nonobstant, une méthode applicable également en littérature est l'analyse minutieuse de la variable linguistique. De surcroît, plusieurs autres concepts sociolinguistiques peuvent aussi être utilisés dans le but de comprendre le langage socialement indexé qu'on trouve à l'intérieur d'un texte littéraire, même si la méthode de leur application ne sera pas exactement celle de la sociolinguistique variationniste. C'est ainsi que se révèle un nouveau champ interdisciplinaire qui analyse les variables linguistiques dans les textes littéraires pour s'en servir dans l'explication de la caractérisation; on nomme cette discipline la sociolinguistique littéraire. Puis, découlant du fait que la tâche du traducteur littéraire est très similaire à la tâche du sociolinguiste littéraire, un troisième domaine est ajouté au cadre théorique, à savoir la traductologie. Le traducteur de tout texte littéraire doit faire face à l'identification d'éléments socialement et culturellement connotés (y inclus le langage qui est mis en registres), mais dans le cas des romans où les culturèmes contribuent à la caractérisation, ces éléments sont d'une extrême importance en traduction. Le traducteur doit donc suivre une séquence d'étapes pour bien les traduire, et le mémoire lui fournit une possible ligne de conduite. La partie centrale du mémoire représente la mise en pratique de la discussion théorique. Y sont analysés, sur la base d'un corpus de cinq romans, les idiomes personnels des Jeeves et Wooster. Un accent particulier est mis sur les traits linguistiques caractéristiques de la classe sociale. Les façons de parler de Jeeves et Wooster sont contextualisés à travers l'exploration de l'histoire, de la formalité, des contextes typiques et du registre correspondant des expressions qu'ils utilisent. Les traductions françaises des traits liguistiques identifiés sont analysées avec les mêmes critères. Chacune est expliquée et évaluée, et pour les solutions jugées sous-optimales, des traductions alternatives sont proposées. En dernier lieu, le mémoire propose plusieurs conclusions universelles: premièrement, que les concepts de la sociolinguistique peuvent effectivement être utiles dans l'analyse des oeuvres où il y a beaucoup d'indices linguistiques qui témoignent de la classe sociale des personnages; deuxièmement, que le but de d'analyse sociolinguistique-littéraire devrait être la méilleure compréhension de la caractérisation; troisièmement, que la traduction correcte des connotations sociolinguistiques est importante mais, comme il s'agit de traduction de culture, elle est aussi extrêmement difficile; et finalement, qu'on peut appeler une traduction modérément réussie malgré les éventuels défauts du point de vue de la traduction des connotations sociolinguistiques, car dans les textes littéraires la caractérisation ne dépend pas uniquement de la représentation du langage.
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